Intermède

Une fourmi, courant dans la forêt, transportant sur son dos un fragment de feuille trois fois plus gros qu’elle. Des fourmis devant, des fourmis derrière. La longue procession se rue vers la fourmilière. Il faut être rentré avant la pluie.

Voilà! La feuille est rangée dans la réserve. Il est temps de s’atteler à une autre tâche. Echange de phéromones. Communication. Les larves qu’on a sorti faire prendre l’air doivent être ramenées d’urgence dans les salles de couvaison. Au passage, la fourmi emporte un détritus pour le jeter à l’extérieur. Voilà, c’est fait. Et maintenant? Communication. Ha oui, les larves.

Une larve sur son dos, la fourmi redescend précipitamment le long des galeries. Le fardeau a été confié aux nourrices. Bien! La suite maintenant. Frottement d’antennes, échanges chimiques, communication. Un nouveau tunnel est en cours de percement, on manque de mandibules pour creuser. OK, c’est parti.

Au plus profond de la fourmilière, l’ouvrière s’active. La terre arrachée à l’avant est rejetée vers l’arrière pour être emportée à l’extérieur par des consoeurs.

Millimètre après millimètre, l’ouvrage progresse. Encore deux centimètres, et la fourmi cédera sa place à d’autres pour l’excavation d’une nouvelle caverne.

Aïe! Un obstacle. Un caillou? Il faut le contourner. Pas un caillou normal, ça. Texture inhabituelle. Prélèvement d’échantillon. Analyse. Carbone et silicium. Rien d’autre. Matériau inconnu. Tentative d’attaque à l’acide. Sans effet.

Il n’y a plus de terre à évacuer. Echange de phéromones. Communication. La galerie doit impérativement être achevée. Les fourmis désoeuvrées se lancent dans le percement de tunnels adjacents pour contourner l’obstacle. Hélas, toutes sont confrontées au même matériau mystérieux.

Frottements d’antennes. Communication. De proche en proche, l’information gagne toute la fourmilière. Echange subtil de messages moléculaires. Petit à petit, un nouveau concept fait son apparition: on a atteint le bout du monde.

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