Retour d’exil

La nuit venait de tomber sur les bâtiments de l’astroport principal de Naprila. Un homme traversa en courant l’aire de décollage des astronefs d’excursion et entra dans un hangar. Soudain, au poste de surveillance, un voyant vert se mit à clignoter. Albor, le chef du service de la sécurité de l’astroport cria:

– Alerte, quelqu’un s’est introduit dans le hangar de l’Andromède. Branchez les écrans pseudo-matériel. Il n’aura aucune chance de passer.

Au dehors, tout se précipitait: Le ciel se couvrit soudain de la voûte que formait l’écran pseudo-matériel, alors que le toit du hangar passa au rouge, se déforma et se mit à fondre. Une sphère lumineuse verte sortit lentement du trou du hangar. La boule se stabilisa à une dizaine de mètres du sol et dégagea une matière bleutée dont les volutes enveloppèrent totalement l’engin qui, tout à coup diminua de taille pour finalement disparaître complètement.

Les membres du service de la sécurité ne pouvaient plus rien contre le fuyard: Il avait plongé avec le prototype dans le subespace.


Dix-huit juillet mille neuf cent soixante sept.

Julien venait d’avoir dix-sept ans lorsqu’il entreprit ce voyage en auto-stop. Il était parti depuis trois jours, lorsque vers neuf heures du matin, alors qu’il attendait le long d’une route de campagne, une voiture apparu au loin. Il ne dut même pas faire le signe conventionnel des auto-stoppeurs, car le véhicule s’arrêta à sa hauteur. Il s’étonna de ce que l’auto se déplaçait sans le moindre bruit. Julien ne se souvient plus de ce qui se passa ensuite.

Quand il reprit conscience, Julien était dans une base scientifique lunaire de la confédération galactique. Peu après, il fut transféré sur une des innombrables planètes de la confédération. Là, il s’adapta à ce nouveau type de vie et devint rapidement un excellent pilote d’astronef. depuis cent-vingt ans qu’il parcourait la galaxie, on lui avait toujours refusé l’autorisation de revenir sur Terre.

Maintenant, Julien ne pouvait plus attendre: Il voulait revoir sa planète natale.

Un jour, il eut connaissance de l’existence de l’Andromède, prototype d’un vaisseau ultra-rapide pouvant traverser la galaxie en quelques heures au lieu des quatre mois nécessaires à un vaisseau classique. Sa décision était prise: Il s’emparera de l’Andromède et mettra le cap sur le système solaire en semant tout ses poursuivants. Et maintenant, il était prêt pour émerger du subespace quelque part dans le système solaire.


Il y a deux jours déjà que Julien, à bord de l’Andromède, s’est placé sur orbite solaire à quelques millions de kilomètres de la Terre. A peine sorti du subespace, il avait branché tous les récepteurs radio et TV du bord pour savoir où en était la civilisation terrestre. Mais les haut-parleurs restaient muets et le écrans demeuraient désespérément vides de toute image. Même les émetteurs installés sur la Lune par la confédération galactique ne fonctionnaient pas. Lui tendrait-on un piège? Julien voulait en avoir le coeur net. Il dirigea donc l’Andromède vers la Terre.

Alors, s’offrit aux yeux du Terrien un spectacle qu’il était à mille années lumière d’imaginer: ce qui composait jadis la Lune, formait maintenant un gigantesque anneau de matière autour de la planète Terre.

Julien ne s’abandonna pas longtemps à cette vision fantastique, mais décida d’atterrir au plus vite pour connaître quel avait été le tragique destin de ses semblables. La glace des pôles ayant inexplicablement fondu, toutes les terres d’altitude inférieure à cent mètres disparaissaient sous l’océan. Julien réussit à poser son vaisseau sur ce qui fut, il y a près d’un siècle, l’aéroport de Genève-Cointrain. Il fut surprit – en bien – par l’absence de radio-activité qu’il aurait dû y avoir si la catastrophe avait été causé par une guerre.

L’astronaute prit une navette d’exploration et partit survoler les ruines de Genève. Ce qu’il y vit le remplit de joie: Il y avait là, fouillant les décombres, des hommes, des femmes et des enfants qui vivaient tant bien que mal dans cette ville détruite. Julien se posa aussitôt au milieu de cette foule qui s’égailla mais qui se reforma bientôt.

Ces gens parlaient un français très déformé, mais compréhensible. Julien apprit d’eux ce qui s’était passé: des hommes venus des étoiles dans des engins que l’on nommait « soucoupes volantes » virent tout le mal qui était sur Terre et menaçait le calme de toute la galaxie. Ne voyant aucun signe d’amélioration, ils entreprirent de détruire cette race d’hommes criminels. Mais quelque chose n’alla pas selon la volonté des extra-terrestres et la Lune fut détruite. La civilisation était anéantie, mais nombreux étaient les survivants qui formèrent de petites communautés pour subvenir à leurs besoins.

Julien comprit alors pourquoi les autorités de la confédération galactique ne voulaient pas qu’il revienne sur Terre.


Ce texte a été écrit le 27 février 1975 à l’âge de 16 ans.

 

Laisser un commentaire