Huit jours chez ceux venus d’ailleurs

(Première partie)

C’était en janvier mille neuf cent septante-six, et non pas en septante-cinq comme dit précédemment (voir « Des soucoupes dans de la neige »). L’ordre de silence qui m’avait été donné étant supprimé, je peux enfin raconter ce qui s’est passé.

L’engin qui nous transportait accéléra et fila vers l’ouest à une vitesse fantastique. Ce qui nous étonna beaucoup, c’était que nous ne ressentions pas la moindre accélération. Quelques minutes plus tard, l’appareil ralentit et un étrange cylindre vertical apparut devant nous. Le pilote de la soucoupe amena son engin juste sous le cigare puis le fit monter dans le vaisseau mère par une ouverture située à la base du cylindre.

Les pilotes du cigare n’appartenaient pas à la même race d’êtres que ceux de la soucoupe, car ils étaient plus petits (environ un mètre quarante), avaient la peau blanche comme la nôtre, des yeux étrangement allongés, un nez à peine visible, des oreilles légèrement pointues et un crâne chauve. Leurs vêtements étaient noir, épousant les formes de leur corps. Ils portaient une large ceinture et des bottes également noire. Seul l’un d’eux portait un survêtement ressemblant à une veste de sport et une casquette. Il paraissait occuper la fonction de commandant de bord.

L’engin cylindrique prit rapidement de la vitesse et soudain, le paysage campagnard qui défilait sur les écrans destinés au pilotage fit place au vide interplanétaire. L’appareil venait de faire un saut de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres et se trouvait aux abords d’une immense station spatiale en orbite autour de la Terre. L’engin s’approcha du satellite géant et entra dans celui-ci par une ouverture béant dans sa coque. Une fois à l’intérieur, la porte se referma et une lumière intense envahit le hangar où nous venions d’entrer. Ce hangar contenait une demi-douzaine d’engins semblables à celui qui nous avait amené jusqu’ici. Une passerelle s’avança vers une porte qui s’était ouverte le long du cigare.

Les petits êtres habillés de noir nous conduisirent, à travers un dédale de couloirs, vers des chambres meublées d’un lit, d’une table et de chaises. Les parois étaient gris-bleu sauf une qui était blanche et recouverte d’une couche transparente polie.

– Qu’est-ce que c’est cette paroi? demandai-je aux hommes qui nous accompagnaient.

– Sur ta planète, on appelle ça un téléviseur.

– Ah bon? Merci, répondis-je à l’homme qui avait parlé.

– On règle l’appareil par ce sélecteur à touche.

– Comme chez nous, quoi!

– Bon, avant de partir, je dois vous dire que vous pouvez aller et venir dans la station comme bon vous semble. Pour ne pas vous perdre, vous aurez chacun un guide. Il répondra à toutes vos questions. Prenez.

Il nous désigna du doigt une table sur laquelle se trouvaient huit boites métalliques allongées. L’extraterrestre nous indiqua comment nous servir de ces « guides ». L’appareil était relié par radio à un ordinateur géant qui contrôlait le fonctionnement de tout le vaisseau spatial.

Quand les créatures d’outre-espace nous eurent quitté, nous décidâmes d’un commun accord de prendre un sommeil bien mérité.

Une dizaine d’heures plus tard -quatre heures (suisse) du matin environ-, quand je me réveillai, je décidai de faire, comme qui dirait « le tour du propriétaire ». Mais il me fallait d’abord avertir les copains en laissant un message. N’ayant sous la main ni papier ni crayon, je me résolus à demander l’aide de l’ordinateur central par l’intermédiaire du « guide ».

– Allô, ordinateur?

– C’est moi, que désires-tu? me répondit en français une vois légèrement métallique.

– Est-il possible d’inscrire un message en français sur l’écran mural?

– Bien sûr, branche le commutateur sur la dix-huitième position et parle; je ferai le reste.

– Bon, d’accord, j’y vais… Je suis parti en exploration, je reviendrai dans quelques heures. Signé: Bernard.

En même temps que je parlais, le texte s’inscrivait automatiquement sur le téléviseur.

-Hé, ordinateur, pourrais-tu me montrer le chemin à prendre pour accéder à la salle de commande de l’astronef?

– Facile, tu n’as qu’à suivre la ligne lumineuse violette sur le mur droit du couloir.

Je sortis de la chambre, aperçu la bande lumineuse et me lançai à l’aventure.

(Fin de l’épisode)

Vaisseau mère: Nom donné aux cylindres par les ufologues.


Ce texte a été écrit le 14 janvier 1974 à l’âge de 15 ans.

 

Laisser un commentaire