J’accueille Floanne sur le seuil de la cuisine. Elle porte à la main une petite mallette et aux lèvres un sourire gêné.
– Hello.
– Salut. Oh, je vois que tu as déjà exploré ton nouveau territoire.
– Un demi millénaire de sommeil, ça donne soif. Tu en veux?
– De cette cochonnerie-là? Non merci. Tu aimes ça, toi?
– Ca fait des années que j’en abuse. Surtout quand il est froid. Au fait: le frigo, il vient de tomber en panne.
– Frigo? En panne? Je ne comprends pas. Montre-moi!
Je l’emmène dans la cuisine. Lorsque j’ouvre la porte, il se produit à nouveau ce bref phénomène d’ondulation et de vertige.
– Tu vois, il est à température ambiante. Mais ça ne doit pas faire depuis longtemps. Les légumes et les fruits n’ont pas l’air altéré, et le coca, il est encore froid.
Floanne met quelques secondes à comprendre.
– Non, non, c’est normal. Nous n’utilisons plus le froid pour conserver les aliments. Ce n’est plus nécessaire. Cet appareil est un chronostat. Lorsque la porte est fermée, le temps à l’intérieur est ralenti considérablement. Mille fois, je crois.
– Ah bon. Je comprends maintenant. Pas comment une telle chose est possible, mais qu’il ne fasse pas froid à l’intérieur. Et puis, comment se fait-il alors que le coca, lui, soit froid?
– Tout simplement parce qu’il était déjà froid lorsqu’on l’a livré. Il n’a pas eu le temps de se réchauffer.
– Ouais, c’est le cas de le dire.
– Tu as sans doute ressenti une impression de flottement en ouvrant et en fermant la porte. Il paraît que c’est dû à une vibration de l’espace-temps.
– C’est pas dangereux, ces vibrations?
– Certains le croient. Ils refusent d’utiliser tout appareil qui manipule le temps. Ils refusent d’ailleurs la plupart des aspects de la civilisation. Ils se regroupent dans des régions sauvages de la Terre et forment des noeuds en marge du Réseau.
– Ce « réseau » et ces « noeuds », dont tu parles, ont l’air d’avoir une grande importance dans la société d’ici. Il faudra que tu m’expliques ça.
– Ils constituent les fondements mêmes de notre acratie. Toutefois, ils ne sont souvent qu’une adaptation des structures traditionnelles. Tu devrais pouvoir t’y adapter facilement.
Elle marque une pause. Elle me fixe d’un regard indécis. Je sens qu’elle ne sait pas comment aborder la suite.
– Non, il y a autre chose qui te sera peut-être plus difficile à accepter.
Une nouvelle pause. Elle me désigne le salon.
– Si on allait s’asseoir?
Malgré le confort du canapé, Floanne est mal à l’aise. Elle peine à trouver une position qui lui convienne.
– Voilà, c’est assez délicat. Mais… Ha, pourquoi tu as obscurci comme ça? On serait mieux s’il faisait jour, non?
– Oui, sûrement.
Subitement, le Soleil s’est levé. Il rayonne sur la vallée une douce clarté matinale.
Légèrement apaisée, Floanne se décide enfin.
– Je préfère ça. Mais venons-en au fait. Sais-tu ce qu’est un mentor?
Ha, nous y voilà.
– Non, pas vraiment. Tu y as bien fait allusion deux ou trois fois, mais je ne suis pas sûr d’avoir compris. C’est quelqu’un qui a un rôle de conseiller, d’éducateur, non?
Sans me répondre, elle dépose sa mallette sur la table basse. Elle hésite encore une seconde avant de l’ouvrir.
Puis, toujours sans un mot, elle me fait signe d’en étudier le contenu.
Je suis réellement surpris. Outre une série de pendentifs, de broches et de divers bracelets, il y a une poupée et un orang-outang en peluche.
– Je ne comprends pas. C’est quoi, tout ça?
– Tous ces objets sont des mentors. Les poupées sont principalement destinées aux enfants, évidemment.
– Heu… tu pourrais être plus précise?
– Tu as sans doute remarqué que, dans ton appartement, il y a une entité automatique qui t’écoute et essaye d’anticiper tes besoins?
– Oui, c’est bien pratique. Il va falloir que j’apprenne tout ce que l’on peut lui demander.
– Son rôle ne se limite pas à celui de serviteur. Cela te regarde aussi. Cela a également pour fonction d’observer ton comportement et celui de chaque individu présent. De telles entités sont présentes non seulement dans les appartements, mais également dans tous les lieux publics. En principe, il n’y a pas un seul endroit dans la station qui échappe à ce système de veillance.
Je renonce à lui demander de me préciser si cela concerne également le monde des Zérogés.
– Mais alors, vous n’avez aucune intimité, aucune liberté! Comment pouvez-vous vivre dans ces conditions?
– Tu n’y es pas du tout. La veillance n’implique pas qu’il y ait entrave à la liberté. Au contraire, c’est précisément la meilleure garantie qui a été trouvée pour assurer la liberté de tous.
– Là, ça me dépasse. Rien qu’à l’idée que quelqu’un puisse épier mes moindres faits et gestes et ainsi porter un jugement sur moi me rend dingue. Mais c’est pas possible, un truc pareil.
Je sens la colère monter en moi.
– Vous n’avez plus la moindre intimité et tu me dis que ta liberté n’est pas brimée? C’est bien la preuve que tu n’as plus de libre arbitre et que votre monde n’est peuplé que de moutons! Je crains que les pires cauchemars des auteurs de mon époque ne soient devenus réalité. Et…
– Calme-toi! Je me doutais que tu allais mal réagir. Dis-toi bien que tu n’es pas le premier, ni le dernier, à passer par cette épreuve. Au cours des siècles, nombreux sont ceux qui ont choisi le long sommeil. Mais tu es, sans aucun doute, le plus primitif de tous.
S’il fallait quelque chose pour me rappeler que je ne suis plus chez moi, c’était bien cette dernière phrase. La colère fait place à l’angoisse. Angoisse à l’idée que l’étrangeté de ce monde est telle que, probablement jamais, je ne parviendrai à m’y intégrer.
C’est d’un ton très ferme qu’elle m’a interrompu. Elle continue avec plus de douceur:
– Laisse-moi t’expliquer. Je crois savoir qu’à l’Eclosion, ton époque, le monde tentait péniblement de passer de la barbarie à la justice et à la liberté. Mais même dans les régions où des formes primitives de démocratie étaient appliquées, les inégalités étaient telles que nombreux étaient ceux qui se voyaient exclus de la société.
Je souris. Elle me regarde, étonnée, interrogative.
– Je souris, parce que, nous, on parlait plutôt de démocratie « avancée ». Mais, bon… Continue!
– Tu me diras si je me trompe, mais en ce temps-là, l’esprit de compétition était même considéré comme une vertu, n’est-ce pas?
– Ben, évidemment. Sinon, comment maintenir la dynamique de la société? Ceux qui ont essayé autre chose se sont plantés lamentablement. Il n’y a qu’à regarder le communisme.
– Le communisme, c’était cette doctrine qui prônait la lutte des classes, non? On ne fait pas mieux comme esprit de compétition. Et ce n’est pas en essayant d’écraser les autres qu’on avance. Une société n’avance que si elle se déplace en entier. La dynamique repose sur le dépassement de soi et la coopération. La compétition permet peut-être à certains de prendre de l’avance au détriment des autres, mais dans l’ensemble, elle ne fait que ralentir le mouvement global.
– Peut-être. Mais qu’est-ce que tout ça a à voir avec ces… mentors dans cette valise?
– Patience, j’y viendrai. La notion de liberté à la base des démocraties de ton époque était exactement la même que celle d’aujourd’hui: n’est interdit que ce qui peut nuire à autrui.
– Oui, la formulation à la mode est… était: « La liberté individuelle s’arrête là où commence celle des autres. »
– Mais, pourrais-tu nier que dans la pratique, les gens considéraient que la liberté consistait à pouvoir faire tout et n’importe quoi, pourvu que l’on ne se fasse pas prendre?
– Pour beaucoup de gens, c’était le cas. Mais pas pour tous. Il y avait tout de même des gens scrupuleux qui se préoccupaient des conséquences de leurs actes sur les autres. Ces gens-là se faisaient baiser, bien souvent. Alors, même si l’on voulait rester honnête, il fallait parfois jouer des coudes pour réussir à s’en sortir.
– Et c’est cette volonté de ne pas se faire prendre qui poussait les gens de ton époque à refuser une veillance généralisée. Tu ne faisais pas exception, si j’en crois ton saut d’humeur d’il y a quelques instants.
– C’est plus compliqué que ça. Il y avait un débat de fond permanent dans nos sociétés démocratiques concernant le degré de surveillance acceptable, voire nécessaire. Le problème, c’est que les sociétés qui ont expérimenté de tels systèmes de surveillances systématiques, que ce soit au nom du peuple, d’un ordre nouveau, ou de n’importe quel autre motif bienveillant, ont toujours subi une dérive autoritaire. Il en a suivi que la surveillance s’est mué en un outil répressif au bénéfice exclusif de quelques-uns. Alors, les bonnes intentions, merci, hein: On a déjà donné. Et puis, plus récemment, avec l’informatique et Internet, se sont développées des pratiques de surveillances, de contrôles et de manipulations à but purement commercial. Et même si ceux qui collectaient ces informations juraient les grands dieux qu’ils n’avaient aucune intention de porter atteinte à la liberté de ceux qui en étaient l’objet, la méfiance devenait de plus en plus forte.
– Mais une veillance intensive n’aurait-elle pas permis d’améliorer la poursuite des criminels, si nombreux en ces temps reculés? A voir certains vieux films – des « policiers », vous appeliez cela, je crois -, les enquêtes étaient particulièrement difficiles sans informations précises sur les faits.
– Oui, bien sûr. Mais les gens avaient peur que ces mesures ne se retournent contre eux. Et cette peur était évidemment encouragée par tous ceux qui avaient intérêt à ce que cette situation se maintienne. On en était là en 99, quand j’ai paniqué à cause du bug de l’an 2000 et que je me suis fait congeler. Apparemment, il y a eu des changements depuis.
– Oui. Et tu découvriras que les difficultés rencontrées à ton époque ont été résolues. Lorsque tu connaîtras mieux notre société acratique, peut-être te paraîtra-t-elle comme une utopie devenue réalité.
– Peut-être. Mais pour l’instant, je ne suis pas convaincu. Je ne pense pas pouvoir m’y adapter complètement. Il restera toujours une certaine méfiance, un doute. Comment faites-vous pour éviter que quelqu’un ne prenne le contrôle du système et ne le pervertisse à son avantage?
– Utiliser les données en provenance du système de veillance est un délit grave. Essayer de trafiquer le système est un crime majeur.
– Et puis, même si, par la surveillance, il est possible de déterminer exactement les responsabilités en cas de délits, cela ne les empêche pas. Dans de nombreux cas, il ne sera pas possible d’intervenir à temps. Si un type pète les plombs et trucide son entourage, vous avez beau en filmer tous les détails, cela ne changera rien.
– C’est ici qu’interviennent les « mentors ». Tu sais, personne ne pète les plombs, comme tu dis, d’un seul coup. Si cela se produisait, ce serait la conclusion d’un processus fait d’une succession de conflits d’abord futiles, puis progressivement plus importants. Le système de veillance est conçu de façon à détecter très tôt ce genre de situation. A ce moment, les mentors des différents intervenants se chargent de désamorcer la situation.
– De quelle manière?
– A l’exception des gens qui, comme toi, viennent d’ailleurs, ou de quelques marginaux, tous les individus en relation avec le Réseau reçoivent un mentor à leur naissance. Il fait ainsi partie intégrante de leur environnement dès le début de leur existence. Un mentor communique exclusivement avec la personne à qui il est attribué. Durant la petite enfance, il lui sert principalement de jouet. Rapidement, il devient un outil important dans l’éducation de l’enfant. Leurs conversations privées servent de complément à l’instruction donnée par les parents. Plus tard, il sert de confident à l’adolescent. Par la suite, il devient un conseiller et parfois même un psy dans les situations difficiles.
– Brr. Ca me fait froid dans le dos d’imaginer les possibilités de manipulation des individus qu’offre un tel système.
– Et bien, n’imagine pas! Ca n’arrive pas. Pour l’instant, il faut me croire. Par la suite, tu le constateras par toi-même.
– Et ce « Réseau », il fonctionne partout?
– Presque. Mais n’oublie pas que le système de veillance n’est qu’un aspect du Réseau. Sur Terre, il y a de vastes régions inhabitées. Il n’est pas possible de mettre une caméra devant chaque arbre des forêts ou sur chaque rocher des déserts. En revanche, toutes les stations orbitales sont organisées sur cette base. Même les Zérogés l’ont adopté. On ne peut malheureusement pas en dire autant des Luniens.
– Et les Martiens? Il y a aussi des gens qui vivent sur Mars, non?
– Bien sûr. Le réseau est aussi actif sur Mars. Mais en fait, il paraît que les Martiens expérimentent des modes d’organisations dépassant l’acratie. J’ai moi-même de la peine à appréhender les concepts qu’ils avancent. Tu comprendras j’espère, que je ne suis pas capable de te les décrire.
– Pas de problème. Pour l’instant, j’ai déjà suffisamment à assimiler. C’est plutôt d’une aspirine dont j’aurai besoin, ou d’un truc comme ça.
– Il doit y en avoir à la cuisine. Mais d’abord, il va falloir que tu te choisisses un mentor.
Parmi tous les objets, les « mentors », contenus dans la mallette, un retient particulièrement mon attention. il s’agit d’une grosse broche métallique recouverte d’une épaisse couche d’émail vert parcouru de reflets orangés. Elle me fait penser à un gros insecte, un scarabée.
Puisqu’il me faut une conscience extérieure qui me maintienne dans le droit chemin, celle-ci conviendra. Un criquet aurait sans doute été plus approprié, mais tant pis.
Je tends la main pour saisir l’objet. Aussitôt, celui-ci écarte ses élytres. Surpris, je retire ma main. Le mentor reprend sa position d’origine. Plusieurs fois, je répète l’opération. Immuablement, les élytres s’écartent, laissant deviner de fines ailes cristallines. Puis d’un geste brusque, je tente de m’en saisir. En vain. Ma main se referme sur du vide. Aussi vif qu’une mouche, le scarabée mécanique a déployé ses ailes et s’est envolé dans un léger vrombissement.
Il se met à tourner autour de nous, tout en maintenant une certaine distance. A chacun de ses passages devant la fenêtre, ses ailes, inondées de soleil, nous éclaboussent d’une explosion de couleurs.
Le vrombissement s’arrête. Où est-il passé? Je parcours la pièce du regard à sa recherche. Rien, mis à part le sourire de Floanne, amusée par mon émerveillement.
Soudain, le vrombissement reprend, tout près de mon oreille gauche. Je tourne la tête, juste à temps pour voir l’insecte robot se poser sur mon épaule. Je parviens de justesse à stopper le geste réflexe de le chasser. Je suis partagé entre l’angoisse provoquée par la présence sur mon épaule de cette chose inconnue et la fascination que me procure ce chef-d’oeuvre de la bijouterie et de la technologie.
Le mentor semble s’être installé sur mon épaule pour y rester. Il s’est agrippé à mon T-shirt, a rangé ses ailes dans leur fourreau d’émeraude et ne donne plus signe de vie. Je penche la tête pour mieux le regarder et l’interpelle:
– Alors, Jiminy, t’es bien, là? Quand je vais mentir, tu seras aux premières loges pour voir mon nez s’allonger.
Floanne me regarde, sans comprendre.
– C’est quoi, cette histoire de nez qui s’allonge?
– Un conte de mon époque. Pinocchio, ça ne te dit rien?
– Non, rien du tout.
– Si tu veux, je te la raconterai un jour. Mais dis-moi, quand on parle à son mentor, il n’est pas sensé répondre?
– Jamais en public. Il s’exprime de manière très directe, sans tabou. Et il n’est pas question de dévoiler le jardin secret de quelqu’un à son entourage.
– Il aurait intérêt à faire gaffe à ce qu’il me dit même si je suis seul. S’il ne se tient pas tranquille, je lui refile une tarte. T’as compris, Jiminy?
Floanne soupire, résignée.
– Ouais, il y a encore du boulot, hein! Tu cherches vraiment à le provoquer. Je ne voudrais pas être à ta place quand il t’en parlera.
Tout d’un coup, cette situation, je ne la trouve plus marrante du tout.
– OK! J’imagine qu’il serait vain de chercher à se révolter. Alors, d’accord, je vais essayer d’être gentil.
Je détourne la conversation.
– Bon, c’est pas tout, ça! Je commence à avoir un petit creux, là. Mon dernier repas, je l’ai pris il y a des siècles. Floanne, je crois que je pourrais manger un éléphant.
Elle me sourit, apparemment soulagée par mon changement d’attitude.
– A la bonne heure, Bernard. Je préfère te voir ainsi. Quant au repas, il a été prévu une petite fête en ton honneur. Tout le noeud qui s’occupe de toi sera là. Je ne peux rien garantir pour l’éléphant, mais rassure-toi, il y aura suffisamment à manger.
Elle referme la mallette, se lève et me fait signe de la suivre:
– Viens, on nous attend.
Je me lève à mon tour et me dirige vers la porte. Soudain, je m’immobilise. Puis d’un pas décidé, je retourne vers la fenêtre.
– J’en aurai le coeur net. Appartement, ouvre-moi la porte de cette terrasse!
Sans un bruit, la paroi vitrée glisse de côté pour me donner accès à l’extérieur. Une brise légère vient caresser mon visage. Sans la moindre hésitation, je me dirige vers les parterres de fleurs.
Dans mon dos, j’entends Floanne, encore à l’intérieur qui se met à crier:
– Non! Ne va pas plus loin. Attention!
Trop tard. Au moment où j’allais faire le premier pas au-delà de la terrasse, je m’écrase contre un mur invisible. Sous le choc, je me retrouve par terre.
Encore étourdi, je prends la main que me tend Floanne pour m’aider à me relever.
– Mais qu’est-ce qui t’a pris? Tu n’avais pas compris qu’il s’agit d’une simple projection? Tu croyais vraiment que ce paysage était réel? Mais on est à 200 étages en dessous du sol.
– Ben, c’était plus fort que moi. Malgré les brusques passages du jour à la nuit, je n’arrivais pas à me convaincre qu’il ne s’agissait que d’une illusion. Et puis ces fleurs sont si belles. Je voulais en cueillir une pour te l’offrir.
Floanne pose tendrement une main sur mon épaule et me fixe avec des yeux plus doux qu’un clair de lune.
– Merci. Je suis très touchée. Mais il n’est pas encore temps que tu accroches ton coeur à celui de la première venue.
– Tu n’es pas la première. La première personne à m’émouvoir dans ce monde a été Maïté, la bonobo.
Elle rit.
– Tu la reverras. Mais méfie-toi d’elle. C’est une allumeuse.