L’enfance d’un rêve

Dans les souvenirs d’enfance, il est parfois difficile de retrouver le moment où l’on est confronté pour la première fois à une notion nouvelle. Le ciel et l’espace ont apparemment toujours fait partie de mon univers. J’ai un très vague souvenir d’avoir assisté à l’éclipse de soleil de 1962 ou 61, je ne sais plus. Ce souvenir est mélangé avec d’autres événements des premières années de ma vie.

Par contre, je me souviens très bien de la première fois où j’ai entendu parler de soucoupes volantes. Je devais avoir huit ou neuf ans. Mon père connaissait un journaliste qui venait de publier un petit ouvrage sur le sujet. Il avait ramené un exemplaire à la maison et nous en avions discuté en famille. Bien sûr, mon père ne croyait pas à ces histoires, mais pour ma part, j’ai immédiatement été fasciné par cette idée d’assiettes qui volent toute seules. J’appris également l’existence supposée de créatures extraterrestres. À cet âge là, je ne croyais déjà plus aux fées. Il était tentant de les remplacer par de petits hommes verts venant d’une autre planète.

Depuis ce jour, les martiens hantent mon esprit. Alors que les autres garçons de mon âge collectionnaient les photos de footballeurs, j’écumais la bibliothèque municipale à la recherche de tous les bouquins qui parlaient d’espace, de fusées, d’OVNIs et de mystérieuses civilisations disparues. Oh, bien sûr, je ne faisais pas que cela, mais disons que cette obsession débordait sur un peu tous mes domaines d’activité.

En devenant adulte, j’ai compris que les choses n’étaient pas nécessairement ce que je croyais qu’elles étaient. Le monde est d’une complexité merveilleuse et il n’a nul besoin d’une quelconque intervention extérieure, qu’elle soit le fait d’un dieu créateur ou de biogénéticiens extra-terrestres. Lorsque je lis qu’un OVNI a été observé ici ou là, je suis toujours intéressé. Mais je prends note de l’information avec un certain recul, voire même avec amusement.

Il y a quelque temps, à l’occasion d’un déménagement, j’ai retrouvé mes vieux cahiers d’école. En relisant ceux de rédaction française, j’ai réalisé à quel point j’avais été… comment dire? Envoûté! Oui, c’est cela, envoûté par la croyance en ces créatures extraterrestres.

Je ne peux résister à l’envie de vous en faire profiter.

Le premier de ces textes a été écrit en février 1971. J’avais alors 12 ans. Le dernier date de juin 1975, soit à l’âge de 16 ans.

Cette même année 1975, j’ai entamé une formation technique. On a voulu m’apprendre à écrire des rapports dans lesquels il n’y avait nulle place pour la fantaisie. Le résultat fut que pendant une quinzaine d’années, ma seule forme de créativité écrite consistait en programmes d’ordinateurs. Navrant, n’est-il pas?

Heureusement, une nuit, une fée se pencha sur mon lit. Du fond de mon rêve, le la vois encore, toute verte, avec ses antennes, son nez en trompette et de petits réacteurs dorsaux en guise d’ailes. Elle me frappa le crâne de sa baguette magique. Je me suis réveillé avec la bosse de l’écriture.