Intermède

Chant [51.19.91.562].[56.92.76.3812.5].[16.798:3.11:407]:
Mer et Lune ont toujours nagé de concert autour de l’étoile, déjà bien avant que nos ancêtres eussent choisi de retourner dans les océans. Mais Lune était seule à accompagner Mer dans son périple autour de l’étoile. La solitude de Lune durant ses innombrables révolutions autour de Mer n’était troublée que par les chutes peu fréquentes de pierres astrales, lui laissant comme seuls souvenirs des cicatrices indélébiles [51.19.617].[23.983.51.65.1.54].[-615.814:0.766:126].
Un jour, durant la Grande Pollution, les singes rendirent visite à Lune [562.51.19.].[7.4.9.3.1.6.3.7.12.323].[5.528:5.92:003]. Elle leur exprima sa solitude. Les singes lui répondirent qu’elle ne devait plus s’en faire, car désormais, ils étaient près d’elle et qu’ils ne l’abandonneraient pas. Lune les remercia de leur bienveillance, mais leur avoua que c’était d’une semblable à elle-même qu’elle se languissait.
Alors, les singes entreprirent de lui fabriquer une compagne. Cédant à un de leurs caprices qu’il est impossible de comprendre, ils la firent aussi sombre que Lune était claire. Mais Lune n’en prit point ombrage. Lune était si heureuse d’avoir enfin une camarade de gravitation qu’elle se para de ses plus beaux atours, s’enveloppant dans une brume azur et couvrant ses cicatrices de baume turquoise.
Mais le bonheur ne dura pas longtemps, comme la plupart des réalisations des singes. La lune sombre, ainsi qu’on la nommait sur Mer, ne ressentait pas les mêmes sentiments envers sa soeur ainée. Elle ne rêvait que de grands espaces, n’ambitionnant rien de moins que d’aller tourner autour d’autres étoiles. C’est ce qu’elle fit par une nuit où Lune se dorait aux rayons de l’étoile, quelque part de l’autre côté de Mer. Dans un flamboiement bleuté, elle s’élança dans le grand vide sidéral, laissant Lune retomber dans sa solitude éternelle.
D’autres variantes de ce chant s’interrogent sur l’origine réelle de la lune sombre. Aucun ne remet en cause l’existence même de cette compagne éphémère de Lune, car tous les habitants de Mer ont pu observer son passage devant les champs étoilés, même s’ils n’ont pas tous pu assister à son fulgurant adieu. Certains chants acceptent l’hypothèse d’une création par les singes [562.51.91.-].[-].[-], d’autres, mettant une limite au génie de ces primates turbulents, lui envisagent d’autres causes, plus naturelles [51.91.617.45.92.65.32.92].[235.456.32.7].[15.546:0.77:927], [51.91.618.65.-].[-].[-]. Mais tous regrettent son départ et compatissent avec la douleur de Lune [51.19.65.43.-].[-].[-].