Il faut que je me dépêche si je ne veux pas arriver en retard. Le peu que je sais du déroulement des obsèques est que le rendez-vous est donné à un endroit nommé Ballicombe. De là, nous marcherons jusqu’au sommet du volcan où aura lieu la cérémonie. J’aurais quand même pu prendre le temps de me renseigner un peu plus sur son déroulement. Il est trop tard maintenant. Et ce foutu métro qui ne vient pas.
Le métro arrive enfin à Huilet Ballicombe. Je me précipite dans le couloir marqué de l’indication « Vers le volcan ». Long d’une centaine de mètres, celui-ci débouche sur un paysage auquel, une fois de plus, je n’étais pas préparé. À ce jour, les seuls volcans que j’avais escaladés étaient le Vésuve et l’Etna, en Italie. Dans les deux cas, il s’agit d’une montagne plus ou moins conique, couverte de végétation sur une bonne partie de ses pentes. L’approche se fait d’abord en voiture, puis en téléphérique.
Ici, rien de cela. J’ai l’impression de me trouver sur la Lune, enfin sur la Lune telle qu’elle était représentée dans les vieux bouquins d’avant les missions Apollo, représentation justement inspirée de paysages volcaniques terrestres. Je suis dans une immense caldéra, au pied d’une falaise haute de plusieurs centaines de mètres. Dans cette falaise, on distingue les restes d’un sentier creusé en zigzag dans la roche. C’est sans doute par là que l’on accédait au volcan avant la construction du métro. Je ne parviens pas à estimer le diamètre de la caldéra, tant les éléments de ce paysage me sont étrangers. Le sol est constitué de lave fluide solidifiée, un peu comme la mélasse poisseuse dont ma mère recouvrait mes tartines alors que je n’étais qu’un enfant. Une végétation rachitique tente courageusement de coloniser ce milieu hostile et primaire. Loin devant moi s’élève le cône principal du volcan. Son sommet est partiellement couvert de nuages qu’un vent venu de l’océan s’acharne vainement à souffler au loin.
Parmi les rares touristes présents, je ne reconnais personne. Me serais-je trompé de lieu de rendez-vous ? Non, je crains plutôt d’être sacrément en retard. Ils seront partis sans m’attendre. Se pourrait-il qu’il s’agisse de ce groupe qui s’éloigne là-bas ? C’est plus que probable. En pressant le pas, je devrais pouvoir les rattraper en un petit quart d’heure.
Je m’aperçois rapidement que la progression sur ce sol tortueux n’est pas aussi facile que je l’imaginais. Sur le chemin qui mène au volcan, les bourrelets de lave ont beau avoir été usés par le passage des millions de touristes qui se sont succédé ici en six-cents ans, depuis que les volcans ne suscitent plus la peur superstitieuse des temps anciens, il reste tout de même de très nombreuses opportunités de se prendre le pied dans une anfractuosité. Et puis, je réalise aussi que j’avais largement sous-estimé la taille de la caldéra. Je devrais bien rejoindre le groupe avant qu’il n’entame l’ascension du piton central, mais il me faudra une bonne demi-heure pour cela.
À ma droite, il y a une petite colline faite de pierres ponces d’une dizaine de mètres de haut qui m’invite à le gravir. L’épisode éruptif dont il est issu doit remonter à plusieurs siècles, car il ressemble désormais plus à une colline lunaire qu’à un cratère volcanique. Je n’ai malheureusement pas le temps de m’attarder.
– Ah ! Te voilà enfin ! J’ai failli demander à Criquette ce que tu étais devenu.
Je ne saurais dire si Vadina se moque de moi ou si elle s’inquiétait vraiment. Le groupe se repose auprès d’un monticule de lave creux de trois mètres de haut, percé de plusieurs trous sur les côtés et le plafond, comme si le volcan avait soufflé une grosse bulle de chewing-gum et que celle-ci s’était figée juste au moment où elle commençait à éclater.
– C’est gentil de m’avoir attendu. Je pensais vous rattraper plus vite, mais c’est pas possible de courir sur ce terrain. Je suis bien content de pouvoir souffler un peu.
– Bon, puisque tout le monde est là, on va pouvoir entamer l’ascension. Allons-y !
Clod Sung accompagne ses paroles d’un grand geste du bras. Putain, on dirait presque qu’il l’a fait exprès. Je sais que c’est un grand classique d’attendre les retardataires et de repartir sans leur laisser le temps de se reposer, mais c’est quand même dur lorsque l’on est dans le rôle du retardataire.
Vadina pose une main sur mon épaule. Elle s’adresse au reste de l’équipe :
– Allez-y déjà. Je reste avec lui. Nous vous rejoindrons dans quelques minutes.
Je pose ma main sur la sienne. Il se produit une légère décharge électrostatique.
– Merci. Je n’aurais pas eu le courage de repartir tout de suite.
Elle me tend une gourde qu’elle portait à sa ceinture.
– J’imagine que tu n’as même pas pensé à prendre de l’eau avec toi.
– Ben non, comme tu vois.
– Décidément, les mecs, vous n’avez pas changé en quatre siècles.
– Dois-je te rappeler que je ne suis pas très représentatif de la mâlitude contemporaine ?
– Ah non ! Tu as raison.
Une fois désaltéré, je lui rends la gourde.
– Merci. Ça va mieux. Tu ne veux pas que je porte ton sac à dos ? Il a l’air assez lourd.
– C’est gentil de me le proposer, mais ce sac et ceux de mes compagnons contiennent les restes de nos défunts. C’est à nous de les transporter jusqu’à leur dernière demeure.
– Ha ! Je n’avais pas réalisé qu’il contenait une urne funéraire.
– Il ne s’agit pas d’une urne, mais d’un bloc de carbure de silicium. Ils n’ont pas été incinérés comme cela se pratiquait encore à mon époque, mais décarbonisés.
– Excuse mon ignorance, mais quelle est la différence ?
– Dans le cas d’une incinération, le carbone était transformé en CO2 et relâché dans l’atmosphère. C’est très mal vu aujourd’hui.
– Et la décarbonisation ?
– J’y arrive. Ils utilisent une bactérie pour isoler et purifier le carbone qu’ils récoltent sous forme de graphène, des feuilles monoatomiques de carbone. Il parait que l’on peut faire diverses utilisations de ce graphène, mais généralement on le combine avec du silicium pour le rendre inerte et pouvoir le retirer de l’environnement.
– Du silicarbone, quoi !
– Non, non ! le silicarbone est une sorte de tissu tridimensionnel fait de nanotubes de carbone et de silicium. Le carbure de silicium est un cristal synthétique presque aussi dur que le diamant et résistant jusqu’à près de 2700 °C.
– Ah ! Je crois comprendre : les blocs de carbure de silicium vont être jetés dans le volcan qui va les intégrer dans la structure de l’ile et par là même les retirer du cycle du carbone pour au moins des centaines de millions d’années.
– Oui, c’est exactement cela.
– Mouais… Griller en enfer pour l’éternité ? Je conçois que vous réserviez ce sort à Trembley, mais les deux autres, ont-ils vraiment mérité une telle punition ?
– Tu serais gentil de garder ton humour douteux pour d’autres circonstances, merci.
Je le savais qu’à un moment ou un autre, j’allais dire une connerie. La honte envahit mes joues.
– Pardonne-moi. Je ne voulais pas te blesser.
– Ce n’est rien. Viens, il est temps de rejoindre les autres.
Elle me tend la main pour m’aider à me relever. Une fois debout, je tente machinalement de lâcher sa main, mais elle m’en empêche fermement.
Réflexion faite, la traversée de la mer de lave était de la rigolade comparée à l’ascension du dôme central du volcan. Sans être d’une difficulté particulière, la montée se fait sur un sentier assez raide qui requiert une bonne condition physique ; les longs mois passés à larver au pied de l’ascenseur ne m’y ont pas vraiment préparé. La pente n’est constituée que de blocs de lave sans grande cohésion. Le sol se dérobe fréquemment sous nos pas, provoquant de petits éboulements. Heureusement que je porte les chaussures de montagne que j’ai trouvées ce matin dans mon appartement. Celui qui a pensé à me les fournir, qu’il soit bio, méca ou virtuel a bien fait, sinon, je me serais sans doute déjà foulé une cheville.
Sur ce chemin étroit, il n’est pas possible de marcher côte à côte, Vadina a dû se résoudre à me lâcher la main. Nous ne parlons pas, pour économiser notre souffle.
Nous rattrapons le reste du groupe au moment où il atteint la lèvre du volcan. Devant nous s’étalent les restes d’un petit cratère profond de quelques dizaines de mètres. Celui-ci a été pratiquement avalé par le cratère principal d’un diamètre de plus d’un kilomètre et profond d’au moins cent mètres. Comme une jeune pousse émergeant de la souche d’un arbre mort, au centre du fond plat se dresse un petit cône d’où s’élève tranquillement une fine colonne de fumée blanche. La montagne semble s’être calmée de la grosse colère qui l’agitait encore il y a quelques jours.
Au dessus du cratère, une grande plateforme métallique flotte dans le vide, uniquement reliée aux bords par trois fragiles passerelles. Je pense un instant au radiotélescope géant d’Arecibo à Porto Rico, mais cette construction ne semble pas destinée à sonder les profondeurs de l’univers. De nombreuses stalactites pendent sous la plateforme, témoins de la fureur récente du dragon qui hante ces lieux.
Vadina me désigne la plateforme du doigt :
– Comment cette structure peut-elle tenir sans être haubanée ? Cela parait défier les lois de la physique.
C’est plein de fierté que je parviens à lui répondre.
– Elle est en silicarbone ! Dans Rama, j’ai eu l’occasion de franchir un pont fait de cette matière. C’est effrayant, mais ça tient le coup.
– Ah oui ! C’est vrai. Tu l’avais relaté dans ton bouquin. Mais n’empêche, c’est vraiment bizarre. Ça me donne le vertige rien qu’à le regarder.
– Ben, il va te falloir maitriser ce vertige, parce que j’imagine que c’est là, au centre, qu’aura lieu la cérémonie.
– Je sais, mais c’est pas facile.
– Allons donc, toi qui as franchi par deux fois un gouffre de millions de milliards de kilomètres, tu aurais peur de surplomber le sol de quelques ridicules petits mètres ?
– Arrête, c’est pas drôle !
D’un coffre posé auprès de la passerelle la plus proche, Clod Sung extrait une pile de cagoules sans trous pour respirer ni voir, faites du même matériau que la combinaison spatiale que j’avais revêtu lors de mon passage au plongeoir. Il les distribue à tout le monde.
– Heu, c’est vraiment nécessaire ?
– Oui, elles ont pour rôle de nous protéger des vapeurs toxiques qui s’élèvent du cratère. La lave elle-même ne constitue pas un danger, d’autant plus que l’activité du volcan est réduite aujourd’hui, mais nous ne sommes pas à l’abri d’un dégazage intempestif.
En enfilant ma cagoule, je suis à nouveau surpris par les extraordinaires qualités optiques de cette mousse synthétique : totalement opaque de l’extérieur, elle est toutefois pratiquement transparente de l’intérieur. En plus, bien qu’elle se referme hermétiquement sur mon cou, je n’ai aucune difficulté à respirer.
Cette cagoule n’a peut-être pas pour seul but de nous protéger des vapeurs sulfureuses, elle a probablement aussi un rôle lié à la cérémonie à venir. En effet, elle gomme complètement les traits des visages de tous les participants, provoquant une sensation étrange de malaise et de mystère qui n’est sans doute pas involontaire. Y aurait-il un rapport avec le port du voile imposé jadis aux femmes dans certains pays de culture musulmane et même dans une certaine mesure dans l’Europe médiévale ? J’en sais rien. Peut-être ne faut-il, finalement, rien y chercher d’autre qu’une protection contre les émanations mortelles du volcan.
Même si nos yeux restent invisibles, mon regard croise longuement celui de Vadina. J’étais fasciné par son visage, mais à la vérité, son corps aussi est superbe.
– Tu es vraiment très belle !
– Merci. Toi non plus, tu n’es pas mal, tu sais ?
Elle ne peut percevoir mon sourire, mais je suis sûr qu’elle le devine. L’instant magique est interrompu par Clod Sung, qui nous enjoint à nous engager sur la passerelle.
– Nous sommes réunis aujourd’hui en ce lieu pour honorer la mémoire de ceux dont l’existence a cessé à l’instant où ils retrouvaient leur planète natale.
Hi, hi ! L’accoutrement du prêtre me fait penser à celui du méchant dans une vielle BD. Il est tout habillé de rouge, sauf une large cape noire qui lui tombe aux chevilles. Les jambes de son pantalon sont enroulées jusqu’à mi-mollet. Son torse est couvert d’un pulloveur trop grand, aux épaules bouffantes, serré à la taille par une large ceinture qui donne l’impression qu’il porte une jupette. Son menton est orné d’une barbe ébène taillée en pointe. L’image qui s’impose à mon esprit n’est vraiment pas celle d’un prêtre. J’ai de la peine à ne pas pouffer de rire.
– Fuyant une planète ravagée par la pollution, ils sont partis vers les étoiles à la recherche de mondes nouveaux sur lesquels l’humanité pourrait repartir sur des bases meilleures. Comme chacun le sait désormais, cet espoir de renaissance extérieure était voué à l’échec. Mais cela n’enlève rien à leur courage ni à leur mérite. Ils incarnaient l’une des nombreuses voies qui ont été explorées pour sortir le monde de l’impasse dans laquelle la folie productiviste l’avait engagé.
Je me tourne vers Vadina et lui demande à l’oreille :
– Pourquoi dit-il que c’était voué à l’échec ?
– Si nous avions trouvé des planètes abritant déjà des formes de vie, les risques biologiques, tant pour nous que pour les espèces indigènes, auraient rendu impossible notre installation. Quant aux planètes glacées que nous avons découvertes, nous ne disposions pas de la technologie appropriée à leur terraformation. Mais chuuut ! C’est là que ça se passe.
– …pourquoi nous allons rendre à la planète le carbone dont ils étaient constitués, de sorte que Gaïa, notre biosphère, n’ait pas à supporter cette charge supplémentaire pour de si nombreux siècles. Est-il encore nécessaire de le rappeler ?
Notre devoir est d’oeuvrer sans relâche à soigner les blessures que nous lui avons infligées dans le passé. Car, comme le disent les enregistrements : « Décroissez, divisez, restituez la Terre et libérez-la » ! Seule la biodiversité permet à chaque individu, de quelque espèce qu’il soit, animal, végétal, ou bactérien, de mener une vie harmonieuse. Nos ancêtres avaient oublié qu’ils n’étaient pas propriétaires de la planète, mais qu’ils n’en étaient que colocataires. Nous devrons nous en souvenir à jamais si nous voulons éviter que le désastre ne se reproduise.
Le prêtre fait signe à huit membres de l’équipage du Santa-Maria de s’approcher d’un autel sur lequel sont disposées huit grosses briques translucides.
– Vous allez maintenant, chacun d’entre vous, prendre l’un de ces blocs, dans lesquels est confiné le carbone de nos regrettés compagnons, et le confier à la planète Mère, afin que celui-ci soit tenu éloigné de Gaïa pour les siècles des siècles.
Chargés chacun d’un bloc pesant une dizaine de kilos, les huit suivent le prêtre vers le bord de la plateforme.
– Ô Terre, accepte la lourde charge de séquestrer ce carbone en échange de notre engagement à réduire notre impact sur la nature.
Les deux premiers blocs de carbure de silicium sont lâchés dans le volcan.
– Ô Terre, accepte la lourde charge de séquestrer ce carbone en échange de notre engagement à réduire la population humaine.
Deux autres blocs tombent dans la cheminée fumante.
– Ô Terre, accepte la lourde charge de séquestrer ce carbone en échange de notre engagement à restituer les surfaces que nous t’avions volées.
Deux blocs encore plongent dans la lave.
– Ô Terre, accepte la lourde charge de séquestrer ce carbone en échange de notre engagement à te libérer de la soumission à laquelle nous t’avions contrainte.
Les deux derniers blocs rejoignent les entrailles de la planète dans laquelle ils séjourneront pour un temps si long qu’à leur réapparition, l’humanité ne sera peut-être plus qu’une légende.
La cérémonie touche à sa fin. L’un après l’autre, les participants se penchent par-dessus la balustrade pour rendre un hommage personnel aux disparus. Alors que nous nous engageons sur la passerelle pour rejoindre le monde des vivants, le volcan émet un gros rot dont les effluves viennent lécher la plateforme, comme pour nous remercier de notre offrande.
Nous voilà à nouveau au pied du dôme volcanique. Le soleil est planté au zénith comme un lustre au plafond d’une salle de bal. C’est vraiment bizarre pour un natif des latitudes moyennes. J’ai l’impression qu’il n’est pas à sa place. Ne serait-ce pas plutôt moi qui ne suis pas à la mienne ? Un vague sentiment de tristesse m’envahit : il est temps que je reprenne ma quête en vue de mon retour vers l’an 1999.
Mais quel que soit le destin que je vais me préparer, la prochaine étape consiste à franchir en sens inverse la vaste plaine désolée au-delà de laquelle se trouvent le huilet Ballicombe et la fraicheur du monde souterrain. Parce que c’est vrai qu’il fait très chaud ici. Je regrette vraiment de ne pas avoir pris d’eau avec moi. Et je ne peux tout de même pas en redemander à Vadina, elle en a besoin pour elle-même.
Vadina me tend sa gourde.
– Bois ! Sinon tu ne vas pas tenir jusqu’à la falaise.
– Heu, merci ! Mais toi, tu n’en as pas besoin ?
– J’ai déjà bu pendant que ton esprit vagabondait.
Aaah ! Que c’est bon ! Mais il ne faut pas tout boire maintenant. Je vais en garder un peu pour la moitié du trajet. Ça ne pourra que nous faire du bien.
Nous nous lançons dans la traversée. Il y a quelque chose de frustrant dans cette progression : on a beau avancer, la falaise ne semble pas se rapprocher. Tout au plus, elle parait encore plus imposante.
Mon esprit se détache à nouveau de la réalité et replonge dans la cérémonie funèbre. Je réalise soudain que pas un seul mot n’a été prononcé concernant le capitaine John Tremblay.
– Vadina, je sais bien que vous ne le portiez pas dans votre coeur, mais pourquoi Tremblay n’a-t-il pas eu droit au même rite funéraire que les autres ?
– Des descendants de sa famille ont réclamé son corps. S’ils veulent lui rendre hommage, grand bien leur fasse ! Avoir ramené son corps est déjà un hommage. Pour nous, il a quitté nos préoccupations le jour de son accident et c’est très bien comme ça.
Je pense que malgré les affirmations de Vadina, le capitaine est loin d’avoir quitté les préoccupations de l’équipage. Ce qui s’est passé lors de cet « accident » reste pour moi un mystère. Bien sûr, il me suffirait d’interroger le Réseau pour connaitre tous les détails, maintenant que les archives du vaisseau y ont été intégrées. Mais à quoi bon ? Ce n’est pas mon problème. Si un jour Vadina décide de m’en parler, je l’écouterai avec intérêt, mais il vaut probablement mieux qu’elle et ses comparses se confient à leur mentor, voire à un psy humain.
Nous voilà enfin au frais dans les profondeurs de l’ile. Le métro nous emporte loin du volcan. Vadina se serre tout contre moi.
– Bernard ? Si tu me montrais cette fameuse vue que tu as depuis ton appartement ?