– Dis-moi, mon amour, d’où viens-tu?
– Je viens… d’une autre époque.
– De quelle époque?
– De mon passé!
– Ton passé?… S’agit-il du même passé que le mien?
– Assurément pas! Chacun a son propre passé. Et son propre avenir.
– M’emmèneras-tu dans ton avenir?
– Non, mon amour! Je ne le pourrais pas. Par contre, si ta volonté est suffisante, tu peux m’y accompagner.
– Parle-moi de ton avenir!
– Je ne pourrai t’en parler que lorsqu’il sera devenu passé. Mais je peux essayer de te décrire le futur que je cherche à atteindre. Ce futur est très différent du présent que nous partageons en ce moment. Pourtant, nous ne nous y sentirons pas totalement dépaysés. Non seulement les mots que nous utiliserons auront changé, mais certains concepts auront également évolué. Par exemple, l’expression « tout le monde » signifiera encore l’ensemble des êtres humains, quoique cette dernière appellation ne se limitera plus seulement aux diverses variétés du primate « homo sapiens », mais dans une certaine mesure également à d’autres grands singes, voire à certains cétacés. En revanche, « le monde entier » se dira « les mondes entiers » et couvrira l’ensemble du système solaire, de l’effroyablement chaude étoile centrale aux flocons glacés de la ceinture de Kuiper. Le terme « monde » pris tout seul sera utilisé pour désigner chaque îlot de matière, perdu dans l’immensité de l’espace, offrant abri à la moindre parcelle de vie.
Ce texte a été écrit en janvier 1998. Ou février, je ne sais plus.