Bosser ou procréer, il faut choisir !

Vous trouvez ce titre provocateur, choquant ? C’est voulu !
La première image qui surgit dans votre esprit est-elle celle de ces vieux réacs en costume folklorique qui estiment que l’espace vital de la femme se limite entre la cuisine et la buanderie, avec autorisation exceptionnelle de sortie pour aller acheter la bouffe de Monsieur à la supérette ? Non, non, ce n’est pas là mon point de vue.
Mais je ne suis pas non plus partisan de la tendance actuelle à faire des gosses parce qu’on en a envie et ensuite les confier à une crèche parce que bon, on a quand même le droit de vivre sa vie en dehors de sa cuisine ou de sa buanderie.
Je ne disserterai pas plus loin le thème classique de la femme au foyer, d’autres s’en chargent très bien. Mon propos est différent, c’est : les parents au foyer !

La base de ma réflexion est le constat que la cause essentielle des problèmes environnementaux actuels est le simple fait que nous sommes bien trop nombreux sur cette planète. J’ai déjà dit deux mots à ce sujet dans mon article : Le monde est plein à craquer.

Donc, il faut réduire drastiquement la population mondiale. Comment ? La réponse est simple : faire moins d’enfants ! Mais ce n’est qu’un début de réponse, car les gens ont de nombreuses raisons de faire des enfants. Les religions et les gouvernements en quête de chair à canon sont les premiers à promouvoir la croissance démographique. Il y a aussi des incitations purement commerciales, voire futiles, mais il y a surtout l’impératif besoin de procréer que l’évolution a ancré dans nos gènes depuis l’aube des temps.
Mais si la nature nous pousse à une croissance exponentielle, pourquoi devrions tenter d’y changer quoi que ce soit ? Parce que la nature ne cherche pas la croissance infinie, mais une stabilité dynamique faisant appel à des mécanismes d’autorégulations que nous avons justement brisés parce qu’ils étaient considérés comme insupportables. Je parle de la faim, de la maladie et des prédateurs. Je vous évite les détails. Si nous voulons éviter que ces mécanismes ne se réactivent, nous devons en inventer d’autres. Mais d’abord, il faut prendre conscience de l’urgence de la décroissance démographique. Sans cette conscience, tous les efforts pour nous protéger de la catastrophe écologique qui nous attend seront vains.

Admettons que cette conscience se développe de par le monde, que peut-on faire concrètement pour engager une spirale démographique descendante ?
1) En premier lieu, il faut impérativement supprimer tous les programmes d’aide à la reprise de la natalité dans les pays développés. Le vieillissement de la population est une conséquence certes fâcheuse, mais normale et inévitable d’une phase de décroissance démographique.
2) Il faut soutenir les mouvements féministes afin que les femmes puissent choisir elles-mêmes le nombre d’enfants qu’elles vont mettre au monde. Il va sans dire qu’il faut également mettre à leur disposition les moyens de contraception qui leur permettront d’exercer cette liberté.
3) Il faut garantir des moyens de subsistance pour les ainés, permettant ainsi d’échapper au cercle vicieux de faire des enfants pour assurer sa retraite.

Malheureusement, ces méthodes, si elles rendent possible la stabilisation de la population, elles n’en permettront qu’une décroissance très lente. Je suis personnellement convaincu que nous n’avons pas le temps d’attendre des millénaires pour retrouver une population raisonnable. C’est au cours de ce siècle que nous devons au moins réduire de moitié la population globale pour, au cours des siècles suivants, redescendre encore bien plus bas. Il faut donc trouver autre chose :
Peut-on imposer, comme en Chine, la politique de la famille à un seul enfant ? Cette stratégie, malgré de fortes résistances dans la population, semble être efficace. La croissance de la population chinoise s’est fortement ralentie et devrait se stabiliser à 1.5 milliard d’individus vers 2030 avant de baisser rapidement. Toutefois, cette politique n’est applicable que par des régimes autoritaires, que je ne peux personnellement soutenir.
Il n’y a probablement pas de solution unique pour l’ensemble de la planète. Les solutions doivent tenir compte des cultures où elles seront appliquées. La solution que je propose est destinée aux pays européens. Serait-elle transposable dans d’autres parties du monde ? C’est aux habitants de ces régions d’en décider.

Comme vous l’aurez compris, ma proposition c’est : bosser ou procréer, il faut choisir !
Je pars des trois principes suivants :
– Si l’on veut réduire rapidement la population, le taux de natalité doit être très faible, disons 0.5 enfant par femme, voire moins. Pour atteindre ce but, il est exclu que chaque femme ait au moins un enfant.
– Toute femme est libre de choisir si elle désire avoir ou non des enfants. Elle ne peut être contrainte ni à avoir des enfants, ni à n’en pas avoir. Il est évident que ce choix doit être fait en concertation avec le groupe dans lequel vit la femme, son ou ses compagnons ou compagnes.
– Si une femme, un couple, un triplet ou quel que soit la forme que prenne la cellule familiale, décide de se lancer dans la mise au monde d’un ou de plusieurs enfants, ce groupe se consacre entièrement à cette tâche. La société dans son ensemble pourvoit aux besoins de cette famille.

À l’heure actuelle déjà, de nombreuses femmes choisissent de ne pas avoir d’enfants, certaines par manque de temps ou de moyens, mais également parce qu’elles ne considèrent pas que la parentalité soit indispensable à leur épanouissement personnel. Il y a également de très nombreuses femmes qui deviennent mères et renoncent à d’autres projets en raison de pressions de l’entourage, que ce soit le désir du mari qui insiste pour avoir une descendance, des parents qui se languissent de ne pas avoir de petits enfants, voir de guides spirituels usant de toute leur influence pour remettre de pauvres âmes sur le droit chemin des écritures.
Il y a aussi beaucoup de femmes qui ont un réel désir d’enfants, mais qui ne veulent pas renoncer à une activité professionnelle par peur de l’isolement social que représente le statut actuel de femme au foyer. Combien d’entre-elles seraient heureuses de se consacrer entièrement à leurs enfants si leur(s) conjoint(s) pouvaient également se consacrer à cette tâche et ne les abandonnaient pas à leur isolement durant la journée?

Il s’agirait d’une sorte de professionnalisation de l’enfantement. Et alors? En quoi cela poserait-il un problème? N’est-ce pas une contradiction que l’on considère l’enfantement comme un devoir patriotique, mais pas comme un vrai travail?

Faire bénéficier les candidats au rôle de parents, qu’ils soient hommes ou femmes, d’une formation complète et appropriée, et de reconnaître leur contribution à la société par une rémunération méritée, devrait permettre de remédier aux graves conséquences qu’entraînent l’absence ou la démission de parents dépassés par la trop lourde charge que représente l’addition des contraintes professionnelles et de l’éducation des enfants.

Il est devenu presque banal de prédire que, pour sortir du cul de sac environnemental dans lequel s’est fourvoyé notre civilisation, il nous faudra revoir complètement notre mode de vie. Ces changements ne concernent pas seulement notre boulimie de ressources et d’énergie, mais également la structure même de nos relations sociales.

Souvenons-nous que nous ne sommes pas propriétaires de cette planète. Nous n’en sommes que colocataires!

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